Instabilité politique en Europe
Le discrédit des gouvernements au pouvoir s'est manifesté en Europe, par les élections et la radicalisation des luttes. Les classes dirigeantes sont confrontées à des défis économiques mais aussi politiques. Comment imposer des mesures économiques à toute la zone euro sans empiéter sur la sacrosainte «souveraineté» des états? Les débats sur une plus grande intégration politique, qui faisaient partie des objectifs (sur le papier) de l'Union européenne, sont à nouveau à l'ordre du jour. Il ne s'agit pas de choisir entre plus ou moins d'Europe, mais surtout de quelle Europe les travailleurs et jeunes ont besoin, et de comment ils peuvent la mettre en place.
Par VIRGINIE
Partout en Europe des gouvernements instables
Tous les pays qui ont connu des élections ces derniers temps ont vu le rejet des gouvernements qui avaient mis en place des politiques d'austérité. Beaucoup d'autres ont connu des crises politiques importantes rendant difficile la mise en place de gouvernements stables. La crise de légitimité des politiques ne suit pas toujours le clivage gauche/droite.
A plusieurs reprises des coalitions ont dû être mises en place et parfois n'ont tenu que quelques semaines. On a vu aussi les difficultés en Grèce à former un gouvernement stable, après l'élection du PASOK (PS grec) et l'énorme désillusion qui s'en est suivie. En France, le gouvernement bénéficie encore d'un répit car il vient d'être élu. Mais bien que le PS soit majoritaire dans toutes les institutions (sauf le conseil constitutionnel) il n'est pas à l'abri de revers politiques, qui prendraient la forme cette fois de luttes massives.
La question du pouvoir, de qui dirige dans l'intérêt de qui est présente dans la plupart des luttes qui ont eu lieu en Europe cette année. En même temps qu'il y a un rejet des politiciens, il y a une recherche d'une autre voie. C'est en partie ce que reflète la montée des forces telles que Syriza en Grèce, le Front de gauche en France, ou les Indignés en Espagne. Plus la polarisation sociale augmentera, plus la polarisation et la radicalisation politique s'intensifiera. Mais il n'y a rien d'automatique à ce que cette colère des peuples d'Europe renforce les mouvements de gauche ou anticapitalistes.
L'extrême droite en embuscade
En soulevant les problèmes quotidiens des travailleurs et des jeunes, contre «le système» (surtout politique), pour les droits du peuple ... ces partis comme le FN en France, Aube Dorée en Grèce, la Ligue du Nord en Italie ...ont, différemment, mais tous obtenu des scores en forte augmentation aux dernières élections et participent pour certains à des coalitions gouvernementales (Pays Bas, Italie, Danemark) ou au parlement. La frustration et la misère créées par la crise nourrissent ces partis.
Mais c'est surtout l'absence d'alternative économique, politique et sociale qui leur ouvre un espace. Comme le montrent les coalitions gouvernementales de certains pays, ou les déclarations de la droite française en faveur du FN, ce ne sont pas les classes dirigeantes actuelles qui sont un rempart à l'extrême droite et à ses idées, mais la classe des travailleurs organisée avec l'objectif de prendre le pouvoir. Nous avons besoin d'une force qui rassemble les travailleurs et la jeunesse pour mener le combat contre l'austérité imposée par la droite ou la gauche et contre toutes formes de discriminations qui ne visent qu'à affaiblir nos capacités de résistance.
Vers plus d'intégration politique en Europe ?
La crise économique a révélé les limites de la loi de la concurrence et du marché mais aussi celles du rôle de l'Etat dans l'économie capitaliste. Alors que les capitalistes prônent une intervention minimum de l'État dans l'économie pour leur laisser le champs libre pour faire leurs profits, ils exigent des milliards quand leur propre fonctionnement les met en danger. En dernière analyse les bourgeoisies nationales défendent toujours leurs propres intérêts. Si Angela Merkel prône une plus grande intégration politique des états de la zone euro, c'est bien pour que l'économie allemande puisse, par la voix de ses dirigeants politiques, protéger ses intérêts et faire voter les lois et traités qui lui seront favorables. Dans ce jeu, la Grèce, l'Espagne, l'Italie ou l'Irlande n'ont que peu voix au chapitre étant donnée la faiblesse de leur économie.
Pour une confédération socialiste d'Europe
Nous n'avons pas à payer une dette qui n'est pas la nôtre. Un vrai gouvernement de gauche devrait mettre en place un plan d'urgence économique et social qui inclut le non paiement de la dette. Pour éviter la fuite des capitaux, il faudrait la mise en place d'un contrôle de l'État sur les importations et les exportations et sur les flux financiers. Et surtout il faudrait planifier l'économie en fonction des besoins réels de la population dans chaque pays et avec une coordination à l'échelle européenne. Avec une gestion socialiste démocratique de l'économie et de la société, une confédération socialiste des pays européens sur une base volontaire et libre pourrait voir le jour et permettre de valoriser et de mettre en commun les atouts de chaque pays, pour le bien être de tous. C'est sur ces bases qu'une vraie intégration politique, économique et sociale de l'Europe pourrait voir le jour.
Dernière mise à jour : ( 11-08-2012 )